Provins, une cité médiévale à 1h de Paris
C’est à raison que Provins compte parmi plus belles cités médiévales de France : cette petite ville (12 000 hab.) de Seine-et-Marne, lovée au milieu des champs de la Brie, a eu son heure de gloire au temps des « grandes foires de Champagne ». Un âge d’or qui a légué un beau patrimoine à cette ville facilement accessible en train de Paris. Comptez une bonne journée pour visiter la vieille ville et une de plus pour assister à un (ou deux) spectacles historiques au pied des remparts. Autre possibilité : faire une randonnée dans la campagne environnante.
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Provins, un témoin exceptionnel des « foires de Champagne »
Les hauts remparts de Provins, ponctués de 22 tours, courent encore sur 1,2 km autour d’une partie de la ville haute où l’on pénètre par deux portes fortifiées : la Porte Saint-Jean et la Porte de Jouy.
Les murs de la ville ont été édifiés entre les XIe et XIIIe siècles. Provins était alors au carrefour de plusieurs grandes routes commerciales. Les comtes de Champagne en tiraient parti, organisant, deux fois par an, de grandes foires où affluaient des marchands de toute l’Europe et même d’Orient. Les comtes s’enrichissaient en contrepartie – grâce aux droits de vente –, tout comme les artisans et les fabricants locaux, spécialisés dans un drap bleu de qualité.
Cette période florissante vaut à Provins d’être inscrite depuis 2001 au patrimoine mondial de l’Unesco en tant qu’« unique témoin d'une cité marchande des foires de Champagne ».
Au XIVe siècle, tout a été remis en cause avec l’apparition de nouvelles routes commerciales. Aujourd’hui, en déambulant dans les rues pavées bordées de maisons à pans de bois colorés et de maisons de marchands à trois étages, en pierre, il reste pourtant facile d’imaginer l’extraordinaire cohue d’hommes qui venaient y échanger toutes sortes de marchandises.
L’une de ces maisons, la Grange aux dîmes (3, rue Saint-Jean), est vraiment typique de l’architecture des XIIe et XIIIe siècles. Dans la salle basse, voûtée en ogive, pourvue de chapiteaux sculptés, une mise en scène – avec mannequins costumés – fait revivre les corporations médiévales. Après une heure de visite – avec audioguide –, vous serez incollable sur les grandes foires de Champagne.
Provins : pas moins de 58 monuments historiques !
Il n’y a pas que la Grange aux dîmes ! Provins abrite 58 autres monuments historiques répartis entre ville basse et ville haute. Seuls quelques-uns sont ouverts au public.
Outre la Grande aux dîmes et le musée installé dans l’une des plus vieilles maisons de Provins, la ville haute abrite la tour César. Cet impressionnant donjon du XIIe siècle, symbole de la puissance des comtes de Champagne, a servi de tour de guet et de prison.
Dans la salle basse, des images projetées sur les murs racontent l’histoire de Henri Ier dit le Libéral, le comte à l’origine de l’expansion des foires. Pour voir la somptueuse charpente du XVIIe siècle, il faut affronter 157 marches raides et étroites. De là-haut, vue splendide sur Provins et la campagne.
C’est également à Henri Ier que Provins doit la collégiale Saint-Quiriace, toute proche. Le comte avait vu grand. Faute de moyens, cette église – gothique, épurée et lumineuse – n’a jamais été achevée. Sur le parvis, une croix indique jusqu’où la nef aurait dû aller.
Pour valoriser son passé médiéval, Provins ne lésine pas. Chaque année, en juin (les 1er et 2, en 2024) ont lieu Les Médiévales, grande fête avec défilé costumé, concert, bal, et, comme jadis, artisans, marchands, troubadours et jongleurs. De mars à novembre, près de la Porte Saint-Jean, la Légende des chevaliers ravira les amateurs de spectacles historiques. Et, en plein air, dans un espace adossé à la Tour aux engins, les Aigles des remparts font revivre, grâce à Philippe Hertel, la tradition médiévale de la fauconnerie à cheval, également inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Voir voler de près faucons, aigles, chouettes, serpentaires et vautours est fascinant.
Au commencement de Provins, la ville basse
C’est cependant dans la « ville basse », où coulent deux petits cours d’eau – le Durteint et la Voulzie –, que s’est d’abord enracinée l’histoire de Provins ! En 996, des reliques attribuées à saint Ayoul y sont découvertes, miraculeusement bien sûr. Dans la foulée, les pèlerins affluent, puis dans leur sillage, les marchands. Ainsi naîtront les premières foires.
Pour mieux accueillir ces pèlerins, Thibault Ier de Champagne lance la construction d’une grande église et d‘un prieuré. Malgré les vicissitudes de l’histoire, cet ensemble, vendu comme bien national à la Révolution, reste impressionnant avec son vaste transept, ses fresques, son chœur à déambulatoire et ses chapelles rayonnantes. La ville de Provins, qui l’a racheté, a mis quinze ans à le restaurer.
Personne n’est capable de dire exactement la longueur exacte des souterrains creusés sous Provins au Moyen Âge pour extraire la « terre à foulon » utilisée pour dégraisser la laine nécessaire à la confection des draps. Une petite partie seulement se visite et ça vaut vraiment le coup. Entrée rue Saint-Thibaut. Prévoir un vêtement, il y fait 13 degrés.
La légendaire « rose de Provins »
La célèbre Rosa gallica officinalis, dite « rosier de Provins », aurait été rapportée par le comte de Champagne Thibaud IV, de retour de croisade. C’est, bien sûr, une jolie légende.
Provins n’en cultive pas moins depuis 1240 cette rose, à des fins médicinales et gustatives. Dans cette tradition s’inscrit la roseraie créée par Bruno Clergeot, non loin de la gare (11, rue des Près).
Sur 3,5 hectares labellisés « jardin remarquable » et ouverts tous les jours du 1er avril au 11 novembre, 500 variétés de rosiers parfumés illustrent l’histoire de la rose, depuis les origines. Floraisons spectaculaires en mai-juin.
La boutique de la roseraie propose des rosiers en pot, son salon de thé des produits à base de roses, à consommer sur place ou à emporter. Du thé et du sirop bien sûr, mais aussi un irrésistible confit de pétales de rose.
Terre de randonnées
La découverte des paysages variés et des villages typiques de la Brie sont un bon complément à la visite de Provins.
Dans le Provinois et dans le joli pays vallonné du Bassée-Montois traversé par la Seine, autour de Longueville (également accessible en train), 40 chemins de randonnée sont balisés.
Itinéraires (et traces GPS) sur le site de l’Office de tourisme.
À ceux qui n’ont pas envie de courir la campagne, Provins offre une jolie promenade plantée de tilleuls, très rafraîchissante l’été car proche de la Voulzie. Elle se trouve sur les allées d’Aligre, à l’emplacement des remparts médiévaux qui ceinturaient jadis la ville basse
Fiche pratique
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Office de tourisme de Provins : il propose des visites guidées ou théâtralisées. Le Pass Provins (adulte : 17 €, enfant : 10,50 € en 2024) permet d’accéder à cinq monuments.
Comment y aller ?
– En voiture : prendre l’A4, sortie no 13 Serris, puis la D 231. Ou l’A 5, sortie no 16 Châtillon-la-Borde, puis la D 408 et la D 619. Accès à la cité médiévale (ville haute) interdit aux visiteurs w-e et j. fériés 9h-18h, fin mars-1er nov.
– En train : au départ de la gare de l’Est, env 20 trains/j. dans chaque sens (un peu moins le w-e). Trajet : 1 h 20. Bus et minibus pour rejoindre la vieille ville.
Bonnes adresses
– Maison d’hôtes Stella Cadente : 28, rue Maximilien-Michelin à Provins. Doubles 79-130 € . Amoureuse des contes de fées, la décoratrice Stella Cadente a laissé libre cours à son inspiration dans cette belle bâtisse bourgeoise posée juste au pied de la ville haute, au cœur d’un parc aux allées de buis. La maison abrite un bon resto-salon de thé tout aussi décalé.
- Au Charme provinois :11, ruelle aux bains, à 4 min de la gare, dans la Ville basse. Une chambre d’hôtes dans une maisonnette lumineuse près des remparts. 80 € la double. Prévoir son petit déj.
– Hôtel aux Vieux remparts : 3, rue Couverte, dans la ville haute. Doubles 100-180 €, petit déj en sus. Menus 33-38 €. Une adresse de charme avec spa et restaurant tenu par la famille Roy depuis le XIXe siècle. Bonne cuisine traditionnelle au Bistrot des Remparts.
– Le Dôme : rue Couverte, dans la ville haute. Une brasserie aux plats plus simples (28,90 € le menu).
– La Croix d'Or :1, rue des Capucins, dans la ville basse. Tél. 01 64 00 01 96 (pas de site internet). Menus 20,90-32,90 €. Réputée être la plus vieille hostellerie de France encore en activité, l’établissement sert une savoureuse cuisine française.
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Texte : Paula Boyer
Mise en ligne :
