Les Alpes mancelles, la nature au fil de la Sarthe

Fresnay-sur-Sarthe, une cité médiévale aux portes des Alpes mancelles

À une trentaine de kilomètres au nord du Mans, Fresnay-sur-Sarthe offre une entrée en matière patrimoniale. Cette « Petite cité de caractère », élue deuxième village préféré des Français en 2021, concentre plus de 1 000 ans d’histoire. Elle commence au X^e siècle avec l’édification d’un château sur un éperon rocheux dominant la Sarthe et son gué. L’industrie de la toile fait ensuite sa renommée et sa prospérité à partir de la fin du XV^e siècle. Le textile fresnois connaît son âge d’or au XIX^e siècle avant de décliner après la Première Guerre mondiale.

Disséminés au fil des rues et ruelles, de nombreux bâtiments témoignent de ce riche passé. À commencer par l’église Notre-Dame, à l’est de la cité médiévale. Bâtie dans la seconde moitié du XII^e siècle, elle est restaurée et agrandie en 1865. Alternance de calcaire et de grès roussard – une pierre locale à la teinte ocre –, cette église romane prend des airs byzantins. Elle est remarquable pour sa porte en chêne sculptée (1528) présentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.

La Grande Rue, artère principale de la ville au Moyen Âge, abrite plusieurs demeures médiévales, notamment une belle maison à pans de bois au n°21. Autre patrimoine remarquable : l’hôtel de Chervy, documenté à partir de 1571, qui abritait autrefois le siège de la justice royale de Fresnay. En empruntant la ruelle du Lion, on peut marquer l’arrêt au musée de la Coiffe.

La voie débouche sur le cœur battant de la vieille ville : les halles. Leur présence est mentionnée dès 1460, mais leur silhouette actuelle date du XIX^e siècle, elles servaient alors de marché aux grains au rez-de-chaussée et de magasin de toiles à l’étage. Réhabilitées, elles accueillent aujourd’hui des spectacles et un cinéma.

Quelques pas supplémentaires permettent de rejoindre la partie la plus ancienne de Fresnay : le parc du château, perché à une vingtaine de mètres au-dessus de la Sarthe. À l’intérieur, des ruines de l’ancien donjon sont encore visibles mais le site offre surtout un superbe panorama sur la rivière et les maisons de tisserands !

La petite cité de caractère est aussi un village d’artisanat d’art. Joaillier, forgeron, illustratrice, tapissier… Une dizaine d’artisans s’y sont installés et la commune a obtenu, fin 2022, le label « Ville et métiers d’art ». Dans sa boutique-atelier La forge de lumière, ouverte en 2022 sur la place Thiers, Marianne Pelcerf fabrique et restaure des vitraux. Cette ancienne éclairagiste pour le spectacle vivant réalise également des tableaux lumineux aux inspirations Art nouveau.

Pascal Turpin, l’un des quatre derniers taillandiers d’armes en France (six en Europe !), fait partie des artisans récemment installés à Fresnay. Le professionnel a sorti une collection de couteaux-voitures pour le centenaire des 24 Heures du Mans en 2023.

Saint-Léonard-des-Bois, le plein de nature

C’est une autre « Petite cité de caractère », lovée dans un écrin de verdure, au cœur du parc naturel régional Normandie-Maine. Encadrée par deux reliefs, la Sarthe serpentant en son cœur, Saint-Léonard-des-Bois fut fondée au VI^e siècle par un ermite – Léonard – qui y installa son monastère. Le village de 400 habitants est aujourd’hui le point de départ d’excursions nature à pied, à vélo ou en canoë-kayak.

Depuis l’église du XII^e siècle, qui mérite le coup d’œil, on rejoint la vallée de Misère pour une boucle de 6 km. Cette vallée encaissée, classée espace naturel sensible (ENS), est remarquable pour ses paysages et pour son patrimoine géologique, unique dans la région. On y retrouve des pierriers – éboulis rocheux issus de la gélifraction du grès armoricain durant le quaternaire il y a plus de 2 millions d’années – et des plantes ayant l’habitude d’évoluer dans un climat montagnard comme la myrtille sauvage.

Le parcours, réalisable en 2 h de marche, offre de belles vues sur Saint-Léonard-des-Bois, le bocage sarthois et le relief du Haut-Fourché qui culmine à 216 m. Le mont Narbonne – 203 m de haut – accueille un parc animalier avec cerfs, daims, moutons d’Ouessant, chèvres, ânes du Cotentin… Le rendez-vous des familles ! Les plus courageux peuvent réaliser la boucle de 10 km et pousser jusqu’au plateau du Haut Fourché.

Autre balade dans un cadre verdoyant : le passeur de Montaigu, au départ du domaine du Gasseau. Ce circuit de 8 km longe la Sarthe, emprunte un bac à chaînes (en service du 1^er mai au 30 septembre), avant de rejoindre le canyon des Toyères, creusé par la rivière. Un belvédère permet de profiter du panorama.

Après cette mise en jambes, on s’offre un autre point de vue sur la Sarthe avec les descentes en canoë-kayak de l’association Préférence Plein Air. Il est aussi possible de partir explorer les sentiers vallonnés avec les VTT électriques de Chase The Line. De quoi faire le plein de chlorophylle !

Saint-Céneri-le-Gérei, le village d’artistes

Posé le long d’un méandre de la Sarthe, à la jonction des trois départements, Saint-Céneri-le-Gérei possède un charme fou avec son pont de pierre, ses ruelles pentues et ses habitations en grès roussard grignotées par la végétation.

La bourgade de 150 âmes, classée parmi les « Plus beaux villages de France », fut le lieu de villégiature de nombreux peintres dont Corot et Courbet. Les impressionnistes séjournaient à l’auberge des Sœurs Moisy, aujourd’hui transformée en musée des arts.

Depuis l’église, perchée sur son éperon rocheux, on profite d’un joli point de vue sur la rivière et le pont du XVI^e siècle, frontière entre l’Orne et la Sarthe. Autres points d’intérêt : la chapelle du Petit Saint-Céneri, perdue au milieu d’une prairie, et les jardins de la Mansonnière.