Colombie : la péninsule de Guajira, entre désert et Caraïbes
Péninsule située à l'extrême nord-est de la Colombie, nichée entre la Sierra Nevada de Santa Marta et la frontière avec le Venezuela, la Guajira est une terre sauvage et aride, aux paysages spectaculaires, peuplée à 42% par l’ethnie wayuu. Un peuple indigène semi-nomade qui a su résister aux conquistadors espagnols. Sorte de bout du monde colombien, la Guajira invite à un voyage hors des sentiers battus dans une région désertique singulière, avec peu d’infrastructures touristiques, si bien qu’il est recommandé de la découvrir avec une agence.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLa Guajira : un bout du monde colombien
À la pointe septentrionale du continent sud-américain, là où le désert brûlant se jette dans la mer des Caraïbes, commence la péninsule de la Guajira. Une bande de terre semi-aride de 20 000 km2 émaillée de plages, de criques enchâssées dans les falaises, de montagnes et de forêts ponctuées de dunes de sable.
Les Wayuu appellent « Madre Tierra » la terre de leurs ancêtres et c’est grâce à la pluie qu’elle aurait été fécondée pour donner naissance aux hommes et aux animaux. José, guide wayuu, raconte que les averses au mois d’octobre sont si fortes dans la partie montagneuse qu’elles transforment le paysage en un lac où tous les repères disparaissent.
Dans la Guajira, il n’y a pas de pancarte pour indiquer les villes, ni les routes, ni les sites touristiques et dans le désert les pistes ne sont pas balisées. Il est déconseillé de s’y aventurer seul. Au fil des kilomètres, la magnificence des paysages croise la misère des hommes. Le territoire oscille entre les montagnes verdoyantes et les grandes plaines désertiques.
Un sanctuaire de flamants roses en Colombie
A une vingtaine de kilomètres de Riohacha, capitale de la Guajira, la réserve de Santuario los Flamencos est un lieu unique peuplé de cent quatre-vingts espèces d’oiseaux migrateurs.
Pour les observer, une balade à bord d’une “chaloupa” s’impose. On les trouve sur la plage de Boca de Camarones, à côté des gargotes qui proposent de délicieux poissons. Barrées avec dextérité par de jeunes Wayuu, les chaloupes se faufilent dans les lagons. Cet écosystème d’à peine sept mille hectares est un nichoir extraordinaire pour les oiseaux. Une bande de pélicans surgissent le long du rivage suivi de près par des ibis mais le plus spectaculaire reste à venir....
Au loin, une colonie de flamants roses (jusqu’à 5 000 entre septembre et novembre) se reflètent dans le bleu azur de la mer. Ils sont parfaitement alignés lorsque le bruit d’un réacteur d’avion les effraie. Les oiseaux prennent leur envol en courant sur l’eau tels des sprinters. Des nuées roses survolent l’embarcation et viennent se poser quelques mètres plus loin.
Visite d’une rancheria traditionnelle de la Guajira
Il suffit de s’éloigner de la ville de Riohacha pour voir apparaître sur le bord des routes les premières rancherias, hameaux traditionnels. Pour entrer, il faut être invité... seulement six se visitent sur tout le territoire !
La “rancheria” Santa Rita est la plus petite. Une dizaine de huttes construites en pisé et en bois de cactus sont centrées sur un espace de réunion équipé de hamacs et d’une grande table. A côté des femmes sont en train de préparer un ragoût de chèvre tandis que le chef de clan explique aux touristes ses coutumes.
Connectée aux esprits et au cosmos, la communauté Wayuu vit en autarcie avec ses propres lois, maintenant une certaine indépendance face aux deux pays dans lesquels ils vivent, la Colombie et le Venezuela. En 2010, leur système judiciaire fondé sur le Palabrero (sorte de médiateur) a été classé au Patrimoine immatériel de l’Humanité par l’Unesco.
Assises sur des tabourets, deux femmes brodent des mochilas, les sacs traditionnels portés par les Wayuu et décorés de symboles traditionnels. Soudain, l’une d’elles part se vêtir d’une tunique et d’un voile rouge pour interpréter la danse traditionnelle “la Yonna” bientôt suivie par un jeune homme…
Les salines de Manaure : haut lieu du sel de Colombie
Au croisement des routes entre Uribia et Cabo de la Vela, des camions chargés de sel indiquent le chemin entre l’océan et le désert. Le site de Manaure produit 65% du sel de la Colombie et s’étend sur 4 200 hectares. A proximité des bassins de sel, des paludiers de la taille d’une tête d’épingle se distinguent à côté des montagnes blanches. Selon l’heure du jour, des nuances roses et bleues colorent ce paysage photogénique.
La visite se déroule pendant deux heures en compagnie d’un paludier Wayuu. En longeant les bassins, l’impression de chaleur est encore plus forte et devient presque insoutenable. A l’entrée du site, dans des cabanes de fortune, les femmes Wayuu restent ici toute la journée pour vendre les “mochilas” qu’elles ont tissé.
Pour se protéger du soleil, elles ont recouvert leur visage d’un mélange d’eau et de boue séchée. A leurs côtés, les enfants courent pieds nus entre les tas de sel sous une chaleur accablante.
Cabo de la Vela, terre de légendes wayuu
Avant de traverser le désert, un détour par la ville d’Uribia s’impose pour faire le plein d’eau et d’essence. La route s’ouvre sur un paysage de savane rythmé ça et là par des enfants habillés de rouge.
L'entrée dans le désert de la Guajira est plus chaotique. Sur le sol se dessine un labyrinthe de pistes. Au milieu du sable et des cactus des enfants surgissent des dunes pour dresser des barrages avec des bouts de ficelles… Une frêle barrière face à la misère de ceux qui habitent dans cette région frappée par la canicule et le manque d’eau.
Sitôt le désert franchi, une baie aux eaux turquoise apparaît au milieu de cabanes transformées en restaurants. Le village de Cabo de la Vela est un lieu particulier pour les Wayuu car la légende raconte qu’ici les âmes des défunts s’embarquent à bord d’un voilier vers l’au-delà…
Aujourd’hui ce sont les voiles des kitesurfs qui virevoltent dans le ciel. Pour piquer une tête, mieux vaut aller sur la plage de Kamaishi et gravir ensuite le Pilón de Azúcar pour profiter d’une vue imprenable sur le désert. Magique !
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols A/R directs entre Paris CDG et Bogota avec Air France. Vols quotidiens depuis Bogota vers Riohacha (à partir de 50€/pers). Trouvez votre billet d’avion.
Où dormir ?
Hotel Waja Guajira : Kilometra 1.5 via Cuestecitas, Albania. Une halte agréable et luxueuse en pleine nature pour un séjour de deux ou trois jours. L'hôtel propose des excursions avec Jalaala Tours, une agence locale qui fait travailler des guides Wayuu.
Rancheria Utta : via El Faro à Cabo de la Vela. A l’écart du village, cette ancienne rancheria restaurée avec goût (très jolie boutique) avec des paillottes est au bord de la plage. Sous une tente végétale, des hamacs en guise de lits permettent de scruter la mer ! Au menu du restaurant, des poissons fraîchement pêchés.
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Bon à savoir
La visite de la péninsule se fait exclusivement avec une agence de tourisme habilitée. Séjours de 1 à 7 jours, tout inclus (repas, transport, hébergement, excursion…), et réservation à l’avance conseillée. Compter au moins 100 000 peso/jour (22 €) et n’oubliez pas le pourboire pour le chauffeur ! Deux agences à Riohacha : Kai Ecotravel et Macuira Tours.
Texte : Barbara Divry
Mise en ligne :